samedi 19 décembre 2015

Episode 9 : verger et souvenirs...


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9

Balade au bord de l’eau et éclats de rire lui ont changé les idées. Flaubert, dont l’air digne est égratigné par la découverte des vagues, a très vite souffert de la chaleur. Aussi, profitant d’un passage dans une crique, Maxime et Olivia l’ont-ils poussé à l’eau, du bord d’un rocher. Outragé, le chien est sorti aussitôt pour se rouler dans le sable.
- On dirait qu’il est pané avec le sable humide sur le poil, s’est exclamé Maxime, hilare, devant Flaubert déconfit.
Face à la vaste étendue de mer ouverte sur le monde, le bureau d’Olivia lui a soudain paru terriblement étriqué et délicieusement loin. Il pourrait même avoir cessé d’exister à l’instant où elle l’a quitté. Les yeux rivés sur l’horizon étincelant, c’est une idée qui lui conviendrait. Ce sentiment de claustrophobie qu’elle traîne au quotidien a grillé en quelques minutes sous le soleil. Comme un Allemand à la plage. Maintenant, après avoir récupéré le large Auguste vautré en travers du canapé noir de Maxime, Olivia prend la route. Direction la maison familiale…
Même la musique poussée à fond ne parvient pas à couvrir l’appréhension de se retrouver dans une pièce seule avec sa mère. Pour la distraire, son esprit revient sans arrêt à la jetée. A cette stupeur qui l’a saisie brutalement. Sans raison particulière, son cœur s’est emballé. Une peur aveugle et instinctive l’a clouée un instant à sa chaise. Avec l’impression que le monde se figeait, sans couleurs. Si elle avait pu, la jeune femme se serait levée pour fuir à toutes jambes. Sans même pouvoir comprendre pourquoi. Et comme elle était apparue, la sensation s’est dissipée. Mais le cri, un grondement rauque, résonne encore à ses oreilles : « Hé, vous ! ». Le type la pointait du doigt, Olivia peut presque le jurer. Pour autant, les images restent floues, comme si son cerveau n’avait qu’imaginer la scène. Sinon comment expliquer cette impression de flotter juste à côté de la réalité ? Elle n’a jamais été sujette aux crises d’angoisse, mais elle pencherait bien pour cette interprétation. Après tout, le télétravail a beau présenter des avantages, il n’en reste pas moins que le boulot est dense en ce moment. 
- Ou alors tu perds la boule, ma grosse, soupire-t-elle en jetant un coup d’œil dans le rétro.
Avant d’hausser un sourcil avec ironie : cette manie de parler toute seule n’est pas forcément un indice de bonne santé mentale.
Mais elle illustre l’état d’esprit de la jeune femme. Les rêves qu’elle fait ces derniers temps sont tellement prenants qu’ils empiètent sur ses journées. Elle est envahie par ce flottement, gênant, faisant parfois d’elle la spectatrice de sa propre vie, regardant à travers une glace sans teint.
Des images lui reviennent, presque des souvenirs. Des impressions de déjà-vu. Olivia secoue la tête et scrute les abords de la route. La route est sinueuse, elle a quitté l’autoroute. La clim tourne mais elle ouvre la fenêtre pour laisser la brise chaude s’engouffrer dans l’habitacle. Flaubert lève le museau un instant avant de se rendormir, à l’arrière.
La ville s’est étiolée peu à peu pour laisser place aux arbres hauts, épais et généreux, ponctués d’habitations de plus en plus grandes à mesure qu’elle s’enfonce dans la Provence Verte. Il y a longtemps qu’elle n’a pas emprunté cette route, mais elle connaît encore chaque virage par cœur. 
Tandis que Mariah  Carey s’égosille, Olivia fredonne, plus pour éviter de penser, que par amour du RNB.


*******

Il faut bien arriver un jour.
C’est ce que songe Olivia en se garant devant la grille imposante du Domaine. Sept années en arrière, qui lui paraissent un siècle, elle a jeté un dernier regard en arrière sur la propriété, pour se promettre de ne plus jamais y revenir. 
Bien sûr, c’est une promesse difficile à tenir. On ne coupe pas les ponts avec sa famille et sa vie, à dix-huit ans, si facilement. Mais une chose est sûre : elle s’est interdit de considérer « rentrer chez elle » en venant ici. Ce n’est qu’un endroit, comme un autre, où elle ne vient passer que quelques jours par an. 
Aujourd’hui, la grille est fermée, et elle se sent comme une étrangère en visite. Elle sort de la voiture et sonne à l’interphone. Très vite, la voix grésillante de sa mère s’élève :
- Mâs de l’Espiègle, bonjour !
- M’an, c’est moi.
- Pardon, vous êtes ?
- C’est moi, Maman !
- Qui, moi ?
- Tu connais beaucoup de gens qui t’appellent Maman ?
- Ah…
Olivia fixe le petit appareil avec une pointe d’agacement, avant d’apercevoir la mini-caméra juste au-dessus. Saloperie de Big Brother. Elle esquisse un sourire poli, quoique furtif. Un instant passe, qui la fait douter. Sa mère la laisserait-elle dehors ? Et si Olivia en profitait pour sauter dans sa Twingo et fonçait chez Maxime ?... Le projet est tentant, mais le portail automatique émet un sifflement. Les deux grands battants s’ouvrent lentement, en saccadé. Elle hésite une seconde, puis monte en voiture. « Quand faut y aller, faut y aller », souffle-t-elle en croisant le regard de Flaubert dans le rétro.
Le chemin de terre, tracé d’immenses platanes, est flanqué de champs de chaque côté, l’un d’oliviers, l’autre de vignes. A l’autre bout, derrière deux platanes et quatre hauts cyprès de Florence parfaitement taillés, le vieux mas familial l’attend, tout de pierres et de lierre. Large, sur un étage, c’est une bâtisse typiquement provençale, au charme à l’ancienne. Alors qu’elle se rapproche d’elle, le cœur d’Olivia gonfle dans sa poitrine. Des pointes d’adrénaline lui piquent le fond de la gorge. Ses yeux sondent la façade. Les volets verts entrecroisés, le bougainvillier qui grimpe à l’assaut du mur, le porche blanc. Il ya eu des aménagements, elle le remarque tout de suite. Des encadrements de fenêtres réhaussés de blanc, les tuiles nettoyées…
Dominique, sa mère, descend les trois marches du perron et fait signe à sa fille. Le devant de la maison est en grande partie recouvert de gravier blanc. Sur la gauche a été aménagé un parking « visiteurs ». C’est là qu’Olivia engage la voiture. Juste devant un panneau de bois tout neuf. 
« Bienvenue au Mas de l’Espiègle ».

Moteur coupé, Olivia marque une courte pause. Les cigales chantent si fort maintenant, qu’elles possèdent entièrement l’ambiance sonore. Elle expire doucement, s’impose un calme qu’elle ne ressent pas vraiment.
Quand elle sort de la Twingo, Flaubert jaillit à toute vitesse, sans lui laisser le temps de lui ouvrir la portière arrière. En quelques pas, il est aux pieds de Dominique et la renifle avec entrain.
- Hé ! Va-t’en de là ! s’écrie-t-elle quand le chien lui lèche un genou. File !
- Flaubert, au pied !
Le Samoyède jette un bref coup d’œil à sa maîtresse avant de foncer vers le petit muret qui sépare la cour du champ d’oliviers. Sautant le rebord, il tourne autour de l’un d’eux avant de l’arroser généreusement. Dominique arrive à la hauteur d’Olivia, et juste après lui avoir fait une bise formelle, elle lance, entre reproche et plaisanterie :
- Il va me flinguer mes arbres, ce chien.
Olivia sourit :
- Il y a de la marge quand même… Je sors le chat, il l’aidera !
- Il y a un chat aussi ?
- Oui, Auguste. Tu sais bien, il est avec moi depuis 4 ans déjà.
Dominique croise les bras et tandis que la jeune femme sort le gros matou de sa cage pour le poser sur le gravier, elle pointe Flaubert du menton :
- Et celui-là, il sort d’où ?
- Je le garde pendant les congés d’une copine
Sa mère se radoucit.
- Sacré morceau de bestiole, fait-elle remarquer. Il est plus gros que Polo. J’espère qu’il ne mange pas autant !
Polo, le gros labrador du grand-père. Olivia n’y avait pas pensé depuis des années, et pourtant, Polo, le goinfre, le voleur de jambon, le grand copain, l’avait vue grandir. Elle réprima une moue nostalgique.
- Il est un peu plus délicat. Monsieur a des croquettes sur-mesure.
- Et ta copine, elle te dédommage ?
- Et bien non. C’est juste un service. 
Olivia hoche la tête. Gabrielle lui a laissé un gros sac de croquettes, qui prend la moitié du coffre, et un coussin. Et une foule de conseils tous plus rébarbatifs les uns que les autres. Elle récupère sa valise, et un gros sac de sport qu’elle a rempli sans trop réfléchir, comme à chaque fois qu’elle vient. Elle n‘échappe pas, glissant l’anse du sac à l’épaule, au regard scrutateur de sa mère. 
- Quoi ? s’enquit-elle.
- Tu as maigri.
- Oui. Je fais du sport.
- Tu as perdu un pari ?
- Ah-ah… non, j’avais juste besoin d’une activité physique. A travailler de chez moi, j’avais l’impression de m’empâter.
- Incroyable. On aura tout vu !
Le sourire de Dominique est un brin moqueur. Et même si la remarque tend vers l’humour, Olivia se sent piquée. Elle inspire lentement.
- Comme quoi tout arrive, répond-elle.
Auguste passe devant elle, hésitant. C’est seulement la troisième fois qu’il vient ici et chaque fois, l’animal met quelques jours à s’adapter. La vraie liberté semble le décontenancer.
- Tu as vu ton ami ? demande Dominique.
La jeune femme se tourne vers la maison.
- Oui, on a déjeuné ensemble.
- Tu ne pouvais pas venir tout de suite ?
- C’était l’occasion.
Les deux femmes se toisent un instant, puis Dominique attrape la valise.
- On va monter tes affaires.
- Je m’installe où ?
- Dans ta chambre, évidemment.
- Ma chambre ? Tu ne l’as pas réservée au gîte ?
Sa mère ne lui répond pas, mais son expression pincée traduit le « bien sûr que non » qu’elle ne dit pas.


*******

La chambre n’a pas été vidée. Avec les travaux engagés dans la maison pour en transformer une partie en gîte, Olivia pensait que sa chambre aurait fait partie du ravalement. Peut-être aurait-elle été la première sur la liste de sa mère. Mais depuis la dernière fois, rien n’a changé. L’éternel poster de soucoupe volante « I want to believe » - le même que dans X Files – est toujours collé au-dessus de la chaîne hi-fi antique. Là-dessus, la Olivia de 15 ans pouvait charger 3 CD qu’elle écoutait toute la journée en boucle. Elle renifle en posant son sac et sa valise. Le lit deux places est collé au mur à droite de la porte, avec son encadrement en bois cérusé. Un lit de grande fille, qu’elle avait été si heureuse de recevoir. 
Elle se laisse tomber sur l’édredon. Le matelas est toujours aussi moelleux et quand elle se laisse tomber en arrière, elle s’enfonce avec plaisir. Les volets entrecroisés pour garder la fraîcheur, diffuse la lumière de fin de journée et plonge la chambre dans une ambiance dorée. Aux murs, il y a des photos, des dessins, qu’Olivia pourrait décrire les yeux fermés, tant elle les a vus tous les jours pendant des années.
A l’instant, elle se sent chez elle, ici et c’est un peu comme si le temps s’était figé en attendant son retour. Un sentiment qui vient avec son cortège de regrets, de culpabilité et d’une infinie tristesse que la jeune femme n’est pas décidée à affronter. Elle se frotte les yeux une seconde et se relève. « Step by step », songe-t-elle. Tout en réalisant qu’après des années de déni, cet été pourrait bien changer des choses. Cette idée, une certitude même, fugace, lui traverse l’esprit, sans prévenir. Comme elle sentait qu’il lui fallait se rendre au Domaine. Elle se penche pour ouvrir sa valise quand, d’en bas la voix de sa mère résonne.
- Les affaires reprennent, murmure-t-elle.


*******


La cuisine semble avoir changé. C’est l’impression d’Olivia en y entrant, sans que les détails ne lui sautent aux yeux.  La longue table de bois brut, vieille d’au moins 30 ans, a vécu un lifting. Décapée, elle arbore une bande de gris peinte en son milieu pour un aspect plus tendance. Les chaises en paille sont parties au rebus. Finies les échardes aux fesses. Place aux fauteuils dépareillés, velours et tissus.
- Sympa, la déco de table, fait-elle remarquer en passant la main sur la surface de la table.
- Elle avait besoin d’un coup de neuf, rétorque sa mère, les deux mains dans l’évier.
- Ça surprend, ce gris, au milieu.
- Tu t’y connais en home staging maintenant ? 
Olivia reste la main suspendue et hoche la tête avec un « OK » silencieux. Voilà qui donne le ton.
- Tu veux un coup de main ? propose-t-elle au bout d’un moment. Appuyée contre la table, elle se sent de trop.
- Non, c’est bon. J’ai presque fini. Je dois préparer deux-trois choses pour le dîner et ensuite, on ira s’installer pour l’apéritif.  Je t’appelais juste pour te prévenir qu’on ne va pas tarder à manger.
Olivia est désemparée. Elle sait qu’elle devrait rester discuter pendant que sa mère prépare le repas, mais quoi dire ? Entretenir une conversation n’est plus une chose anodine depuis longtemps, pour les deux femmes. Tout à coup, c’est comme si l’ambiance pesait une tonne et s’installait sur sa poitrine.
- Si tu veux aller t’occuper de ton chien, vas-y, suggère Dominique en ouvrant le four. Je t’appelle quand c’est prêt.
Olivia n’insiste pas, trop contente de pouvoir se sauver. Les mains dans les poches de son short en jean, elle remonte le couloir qui distribue les pièces du rez-de-chaussée. Un court instant, elle reste debout sur le seuil du salon. Les deux grandes baies vitrées qui ouvrent sur la cour avant laissent entrer la lumière rasante de fin de journée. L’ambiance fait presque référence à ces décors de dessin animé japonais. Tout y est figé, et en même temps éclatant de vie. A première vue, ici aussi, des aménagements plus modernes ont transformé les espaces. Mais les meubles sont pour la plupart les mêmes. Sur les murs du couloir, dans de jolis cadres dépareillés qu’Olivia parcourt avec distance, des photos de famille servent presque de déco. Elles ont toujours été là, et sa mère n’a pas jugé nécessaire de les décrocher. Ainsi, la maison, en grande partie découpée en gîte touristiques, préserve une âme familiale et agréable. Pour qui n’en connaît pas l’histoire.
Elle inspire lentement, les mains dans les poches et marche dans le hall jusqu’à la porte d’entrée. Elle est grande ouverte. Une habitude ici, chaque été. Comme chaque fenêtre de la bâtisse. Vivre dedans et dehors en même temps.
Olivia réalise alors qu’une chose n’a pas changé : l’odeur qui imprègne l’air. Un parfum avec lequel elle a grandi, vécu. Et dont elle n’a pris conscience qu’en revenant ici des années après sa fuite en avant. 
Il est soudain trop difficile de faire face ; les visages sur les photos, le parfum, le silence des pièces. La maison. Trop de souvenirs d’un coup. Olivia expire par à-coups, se pousse au calme. « Step by step », se tance-t-elle à nouveau, convaincue que les occasions ne manqueront pas de voyager dans le passé. 
Mais pas ce soir.

Olivia aperçoit la masse blanche de Flaubert étalé dans la bande de pelouse au pied d’un cyprès. Il dort, les pattes arrière écartées, comme une grenouille. Elle sourit. Le ciel est encore à mi-chemin entre fin d’après-midi et crépuscule. Sur les collines qui font face au Domaine, les cimes des arbres tirent à l’oranger flamboyant. Une douce quiétude plane et la chaleur est un peu moins lourde. Les cigales sont toujours bien réveillées, mais elles chantent maintenant un ton plus bas. C’est une heure suspendue ; les pins sentent le chaud, l’odeur rappelle un peu le pain cuit. Un autre rythme s’installe et bientôt, on entendra le son des casseroles, de la poêle sur le feu, les couverts sur les bords d’assiette. Des sons de vie, qui la rassurent toujours, et la font se sentir moins seule. A l’époque, son prénom résonnait dans toute la propriété, quand sa grand-mère l’appelait pour passer à table et…
Un éclat de rire cristallin.
Olivia sursaute. Du coin de l’œil, alors qu’elle est sur le seuil, elle a aperçu un éclair coloré derrière elle. Elle hésite et l’instant d’après, elle remonte le couloir sur toute la longueur, longe l’escalier en pierre qui amène aux chambres, et sort par la porte-fenêtre pour se retrouver dans le jardin de derrière. Dehors, elle est de nouveau saisie par une vague tiède. Au travers du fond sonore, Olivia perçoit de nouveau le rire d’un enfant, aigu et jovial. Attirée, curieuse, elle emprunte le petit sentier de graviers qui la ramène sur le côté Est de la maison. Là, une dépendance, presque toujours affichée « COMPLET » sur le site d’internet de l’Espiègle, de mai à octobre. Familles, touristes principalement anglais et allemands, futurs mariés installés le temps du mariage.
Songeant aux possibles clients, la jeune femme longe la clôture d’épais lauriers doucement. Elle évite de regarder par les fenêtres, moins par discrétion que pour éviter un souvenir inopiné. Elle traverse un grand espace d’une pelouse impeccable et arrive jusqu’à la cour plein sud, sous les grands arbres. A sa gauche, une volée de marches mène au poolhouse. De là, la vue est dégagée sur les champs d’oliviers et sur le grand verger qui le borde à l’est. Il dessine une large bande qui sépare la propriété d’une colline boisée. Olivia s’arrête une seconde pour observer les arbres et inspire cette odeur de sud qu’elle avait oubliée. Flaubert l’a rejoint et glisse son crâne blanc sous ses doigts pour réclamer des caresses.
- Oui, mon gras, souffle-t-elle. Tu auras tes câlins, mais pas maintenant.
Elle est attentive, tourne sur elle-même. C’est certain, elle vient d’entendre un rire d’enfant. Intriguée, elle attend. Et quand, fugace, un mouvement coloré traverse le verger, elle s’élance. Dans un coin de sa tête, la jeune femme est surprise par sa propre réaction. Pourquoi courir après un enfant ? Mais c’est plus fort qu’elle, elle coure dans les escaliers, passe le long de la piscine, débouche par d’autres marches dans la clairière paysagée, verdoyante et parfaitement entretenue, ponctuée de rosiers, de potentilles et autres sauges arbustives. Un instant, sur le décor se superpose le souvenir d’un champ d’herbes folles et de ronces. Tout change si vite… Olivia suit le rire qui flotte quelque part, plus loin, dans le verger. A droite, à l’angle d’un cyprès plus large que haut, elle passe le muret de vieilles pierres qui délimite le jardin à l’anglaise de la centaine d’arbres fruitiers. De gros cerisiers, des amandiers lourds de feuilles, des pêchers… tous alignés sur quatre rangées. Ici tout est plus ancien, plus sauvage. Plus provençal. Le verger n’a pas bénéficié du même soin que le reste. Olivia revoit son grand-père tailler, récolter, traiter, et observe les herbes hautes qui grignotent les pieds de poiriers recroquevillés, les grosses pierres qui jonchent une terre aride. Elle est cueillie par la solitude du lieu, comme abandonné. C’était son endroit préféré, presque secret, qu’elle partageait avec son grand-père. Le voir dans cet état la perturbe soudain. Une pointe de colère lui enserre la gorge. Lentement, elle arpente le sentier, deux rangées de chaque côté. La chaleur pulse au sol et ici les cigales chantent différemment. Elles font partie du décor. Il y fait plus sec et la jeune femme se rappelle s’y être souvent protégée de la canicule avec un livre à l’ombre d’un cerisier. Posée contre l’un des plus gros, elle aperçoit une échelle métallique. Dans une autre vie, elle grimpait pour s’installer au milieu du Y formé par deux énormes branches, et s’y goinfrait de cerises jusqu’à l’indigestion. Epoque disparue, qui resurgit par flashs incontrôlés. L’odeur d’herbe la chatouille et son cœur se tord dans cette ambiance de fin de journée. Ses mains courent le long des feuillages quand elle tend les bras. Elle regrette déjà d’être venue par ici, alors qu’une vague de nostalgie la surprend de nouveau. Au creux d’un vieux pêcher, l’attention d’Olivia vient d’être attirée par une petite plaque de bois. De guingois, accrochée par une ficelle à un clou rouillé, un O maladroit y a été gravé, au-dessus d’une autre, indéchiffrable, grattée comme pour l’effacer. Olivia s’approche et scrute la plaque, qui lui semble familière. En fouillant sa mémoire, intensément, les yeux rivés dessus, elle se revoit vaguement la tenir pendant qu’on plante le clou dans le tronc. Elle se souvient d’avoir écorché son pouce en gravant son initiale, des rires autour d’elle tandis que sa petite langue pointe entre ses lèvres sous l’effort de concentration. Le bruit du marteau sur le clou quand il frappe… Qui, déjà ? Qui accroche cette plaque ? 
Olivia sent que quelque chose veut émerger. Une image, un souvenir diffus, si près de la surface… un visage flou, si proche d’elle, des yeux gris, foncés, profonds… Le rouge aux joues, il la toise… Son nom, c’est…
Comme un nuage de poussière, l’image s’évanouit dans la chaleur du crépuscule. Et fait naître une frustration brûlante.
- Tssss…. Siffle Olivia, agacée.
Le jour décline et debout dans le verger, elle fixe cette stupide plaque de bois comme si sa vie en dépendait. Mais l’été sera long, pense-t-elle soudain. Ces souvenirs finiront bien par sortir, elle sent qu’ils essaient depuis trop longtemps. 
Flaubert, qui a fureté un peu plus loin, s’est rapproché d’elle et scrute sa nouvelle maîtresse avec attention. Ses yeux noirs ne la quittent pas, il l’attend.
- Et alors, mon gros, lui lance-t-elle. Pourquoi tu me regardes comme ça ? Tu veux rentrer ? On va manger ?
Comme pour lui donner raison, la voix de sa mère s’élève dans le domaine.
- Ah, tu vois ! C’est l’heure.
Et comme son prénom résonne à nouveau, plus fort, Olivia lève les yeux au ciel :
- Ouais, j’arrive ! 
Puis, pour elle-même, elle maugrée
- Elle devrait crier plus fort, on ne l’entend pas suffisamment bien du village…
Tournant les talons, elle jette un œil à Flaubert. Il ne la suit pas. Tête inclinée, son museau pointe vers la haie qui sépare le verger de la colline.
- Flaubert ! s’écrie la jeune femme. Au pied !
Mais il ne réagit pas. Son corps se tend et sans prévenir, il s’élance dans la haie et disparaît dans les épais feuillages.
- Hé ! Viens ici ! Tout de suite !
Olivia soupire, les mains sur les hanches. Le chien de salon a dû sentir un mulot, et pour la première fois de sa vie sûrement, il découvre son instinct de chasseur. C’est la réflexion qu’elle se fait quand l’atmosphère change subitement. Autour d’elle, les arbres semblent soudain mus d’une présence feutrée, attentive. Quelque chose l’observe, dans le silence de ouate. Les couleurs sont alors plus nuancées, les ombres allongées. Un éclat de rire, aigu, tout près. Olivia tourne sur elle-même. Elle est lourde, gauche, sa gorge est sèche. Sans se l’expliquer, un frisson la saisit et une pointe d’angoisse lui pique l’estomac. Une impression de déjà-vu affleure. Ses yeux fouillent les branches des grands cerisiers avant de glisser vers la colline. On la voit et elle sent – elle sait- tout à coup que ça vient de là. Son cœur sursaute au creux de sa poitrine. Un court instant, c’est comme s’il se complétait… Pour être à nouveau béant. A toute vitesse, Olivia explore les malles de ses souvenirs, celui qu’elle cherche est au bout de ses doigts. Mais son esprit est trop lent et le moment s’éteint aussi vite qu’il est apparu.
La voix de sa mère, qui l’appelle, lui vient de très loin, il a traversé l’immensité d’un univers pour arriver jusqu’à elle. Elle ne veut pas l’entendre, elle veut savoir qui est cet enfant qui rit. 
Et en même temps, alors que la lumière baisse, le malaise grossit et ses pieds bougent sans lui demander son avis. Ses jambes avancent, d’abord doucement puis, quand les taillis remuent à côté d’elle, la pression sur sa nuque la pousse à courir. La distance est gigantesque jusqu’à la maison, la sécurité, et il faudra la combler dans une obscurité habitée…
Elle se force à s’arrêter en réprimant un cri de surprise alors que la boule blanche qui lui fonce dessus aboie. Flaubert, la langue pendante, le poil hirsute parsemé de feuilles et de brindilles, se dandine autour d’elle d’un air ravi. Il lui lèche la main, avant de la bousculer pour se précipiter par le portillon dans le jardin à l’anglaise. Comme il fait demi-tour pour japper, Olivia comprend qu’il l’invite à le suivre. Elle reprend contenance, en même temps qu’elle réalise que les rayons de soleil jouent encore sur les cimes de la colline. Et les cigales chantent encore perçant un silence qu’elle a dû imaginer.
Le crépuscule s’installe mais point d’obscurité. Et Flaubert s’impatiente.
- Oui ! J’arrive ! Ca va, là !
Et quand elle passe le portillon, Olivia est de nouveau parfaitement elle-même, pour le meilleur ou pour le pire. Ces étranges sensations de déjà-vu malaisants se dissipent, à en devenir ridicules, avant d’être oubliées. Dans le kiosque en fer forgé, la guirlande solaire vient de s’allumer. Effectivement, l’ambiance est magique, comme elle l’a imaginée en passant devant tout à l’heure.
Flaubert trottine autour d’elle et lui lèche à nouveau le bout des doigts.
- Mais arrête ça, le gronde-t-elle en s’essuyant sur son short. J’ai compris, tu vas l’avoir ta gamelle !
Elle lui caresse la tête et les deux compères traversent le poolhouse pour rentrer dans la maison. Gaspard s’est tranquillement installé sur un banc dans le hall « à la fraîche ». 
- Je suis dans la cuisine ! lui lance sa mère, sur fond de casseroles et de portes de placards qui claquent.





jeudi 26 novembre 2015

Pourquoi tombe-t-on, Monsieur ?...

Il paraît qu'on tombe pour mieux se relever... Ça reste à voir. Cette année 2015, c'est l'année où beaucoup de choses se sont gravement cassé la gueule. Et si on en croit ce qui se dit, se voit, s'entend, se raconte... on est en droit de se demander si les choses pourront être relevées un jour.

Dans ce climat, c'est dur de dessiner, d'écrire des conneries, de mettre en scène une Lillie maladroite, tête en l'air, peut-être même un peu gourdasse. Ce n'est qu'un personnage - vous l'aviez compris, hein ?! Lillie n'est qu'un personnage, une marionnette dédiée à l'humour, au comique de situation. Alors comment garder une ligne éditoriale, si on peut appeler ce style d'écriture comme ça, quand on apprend, un vendredi 13 où pour une fois vous avez eu du bol, que 130 personnes ont perdu la vie ?
Assassinées, massacrées, par des fous fanatiques, dans un pays qui ne sait pas ce que c'est qu'un climat de peur. Fauchés avec une violence incroyable, arrachées à leur instant de joie, de fête, arrachées des bras de leurs proches.

mardi 24 novembre 2015

Quand Noël approche...

Ah, Noël... Avec cette atmosphère lourde et inquiétante, on a envie de se plonger dans une ambiance de Noël festive et magique. Histoire d'oublier un peu. Le temps d'un cadeau, d'une décoration de table, d'un coup d'oeil aux jolies vitrines...

Chaque année, Lillie croise de superbes jouets pour petits bouts de chou. Et pour une fois, elle qui a été adoubée marraine, elle se précipite à la recherche du joujou parfait.
C'est maintenant chose faite.
Et pour accompagner le présent évidemment apporté par le Père Noël, voilà une cartounette pour le pitchounet.


mercredi 4 novembre 2015

Comme une canalisation bouchée...

Non, non, on ne parlera pas de vraies canalisations bouchées, ni par quoi, ni comment, et encore moins d'odeurs. Pour faire court, c'est une bête image que bien des créatifs, de tous bords, comprendront.

Une canalisation bouchée, celle de la créativité, de l'inspiration, c'est quand vous savez pertinemment que vous avez un tuyau raccordé, par lequel passe votre créativité. Puis un beau jour, comme tous les autres, alors que vous êtes installé-e-s devant votre feuille ou votre ordinateur, pour avancer sur votre projet, plus rien ne sort. Vous êtes à sec. Syndrome de la page blanche, bonjour ! Rageant, non ?
Hier soir, Lillie s'est retrouvée avec toutes les canalisations bouchées. Et toute la soirée, elle s'est essorée la cervelle pour le sortir, ce fichu épisode 9.

mardi 20 octobre 2015

Découvrir un nouveau monde...

Pendant longtemps, écrire représentait pour Lillie cette échappatoire que recherchent tout ado normalement constitué, mais dépourvu de Smartphone (oui, parce que Lillie a grandi au temps jadis du téléphone fixe et du MINITEL...).
Les heures passées au bureau devenaient alors la fenêtre ouverte vers des aventures trépidantes, forcément teintées de love story (petite pensée à toi, David Boreanaz, Angel pour les intimes !), sanglantes, épiques, bref mouvementées. La réalité étant ce qu'elle est pour une ado, en plein été quand les copains ne sont pas disponibles, c'est toujours plus fun d'attaquer des clowns à grand coups de machette (ils n'ont eu que ce qu'ils méritaient).

dimanche 18 octobre 2015

Avec ou sans filtre ?


Connaissez-vous l'expression "être pris pour un jambon" ? Ou "se faire rouler dans la farine" ? Ou le super combo "être pris pour un citron qui en fait est un jambon ?"... ce serait étonnant, celle-là, elle est de Lillie.
Depuis le temps, vous devriez savoir qu'elle invente toute sorte d'expressions, plutôt imagées. Sûrement son côté sudiste qui ressort - toujours mieux que de l'illustrer dans une quelconque émission de télé-réalité, non ?
Cette expression, Lillie l'utilise en cas de frustration due au comportement inopportun d'un membre plus ou moins proche de son entourage, susceptible donc de "l'avoir prise pour un jambon" ou, en jargon plus causant, de "la prendre pour une truffe".
Et étonnamment, ça lui arrive assez souvent ces derniers temps.
On dira ce qu'on voudra, la gentillesse, de nos jours, ça se fait certes rare, mais ça se fait surtout pas mal violenter.

mardi 29 septembre 2015

Feeeeliiiiz cumple anooooo !...

Ce week-end, le petit Jeddak, illustre membre de la famille lutinesque, a fêté tout pile ses un an. Pour l'occasion, ballons, cotillons et saucisson... Oula ! Quand même pas !

Mais tout de même, ceux qui ont des animaux et y vouent une vraie dépendance affective (les autres sont des menteurs...), comprendront, fêter la toute première année de son petit chien, ce n'est pas rare - et ça fait surtout plaisir aux maîtres.
Et c'est une bonne occasion de se faire une séance photos complètement absurde... La preuve...

Il est pas beau, le loustic ?


Et évidemment, le "frangin" faisait la gueule. Ben oui, Gustave n'ayant pas eu de cadeau, il a fait la gueule. Mais bon, pour compenser, Jeddak lui lèche l'anus 15 fois par jour. Les comptes sont donc à zéro...




Vous qui avez des animaux, chat, chien, perruche, poisson rouge ou mouche apprivoisé, vous en fêtez l'anniversaire ?

lundi 21 septembre 2015

Episode 8 : retour aux sources...



8

La soirée est épargnée par la pluie. Une légère brise a balayé les nuages et à 22h, le ciel est dégagé. La chaleur est toujours bien présente mais l'air nettement plus respirable.
Olivia marche sur la piste cyclable, seule avec Flaubert. Le samoyède avance lentement, évitant les flaques d'eau qui ne se sont pas encore évaporées. A cette heure, elle oublierait presque qu'elle vit en ville. Elle soupire.
Après l'appel de Maxime, la jeune femme a tourné en rond pendant un moment, à hésiter avant d'appeler sa mère. L'appréhension, mêlée de l'agacement engendré par la certitude d'une conversation houleuse à venir ont fini par la dissuader.
Elle lui téléphonera de la voiture le lendemain matin. Ce qui provoquera assurément un esclandre. Olivia pourra alors utiliser son joker et annoncer qu'elle séjournera chez Maxime. Elle hocha la tête, acquiesçant à son idée.
Avant de songer que ça n'améliorerait pas leurs relations.
Elle en vient à maudire Maxime, le seul fautif de sa contrariété nocturne. Pour se changer les idées, Olivia se baisse et attrape un bâton.

vendredi 18 septembre 2015

il pleut, il pleut, Bérengèèèèèreuuu...

Bergère, Bérengère, c'est pareil...

Bon, ça n'a échappé à personne, cette semaine il a fait un temps tout pourri. Si-si. A City où vit Lillie, aux rafales à 120 km (une petite brise, quoi) se sont succédé des orages suffisamment violents pour faire claquer des dents à Jeddak, le Beagle d'attaque, tandis que Gustave le chat blanc affrontait courageusement les intempéries au fond de son panier.

Et tandis que les arbres du parc s'écroulaient, déracinés, démembrés, que les rigoles se marraient moins, noyées sous l'eau, il est évident que Lillie n'a pas tenté le diable, suivant l'exemple de Gustave. Au dehors, la lumière luttait, tamisée par les épais nuages noirs, et elle, installée dans son bureau cosy, gribouillait sur papier ce qui lui passait par la tête, playlist adéquate dans les oreilles.


 




La musique parfaite ? Celle qui enlève tous les soucis qui pèsent sur vous, pendant 2min58 ?
"Raindrops keep fallin' on my head" , bien sûr !


Et vous, vous faites quoi les jours de pluie ?

mardi 15 septembre 2015

Y tourne, y tourne le chienchien !...


L'épisode 8 se fait attendre et il semblerait que les Lutins aient recruté le brave Jeddak pour ralentir la publication.

Jeddak, ou l'art de te faire tourner en bourrique... Au sens propre, comme au figuré !
Voyez vous-même !



Si vous aussi, vous avez un chien, un chat, un poisson-rouge ou même une perruche, qui vous empêche de bosser, n'hésitez pas à le raconter ici !

jeudi 10 septembre 2015

Entre VOULOIR et POUVOIR...

Lillie décide qu'aujourd'hui, elle va travailler sur un "gros dossier" et finir son 8e épisode.
L'univers en a décidé autrement.

14h
Gustave chie sur le tapis de l'entrée.
Nettoyage.
14h10
Retour devant l'ordinateur... Drôle d'odeur...
14h12
Découverte d'un pipi géant, toujours de Gustave, dans le panier du chien.
Nettoyage à grandes eaux.
14h25
Retour devant l'ordinateur.... Drôle d'odeur...
14h28
Re-pipi - de Gustave, of course- sur le coussin du chien (la guerre est déclarée...).
Hurlage-nettoyage.
14h45
Retour à l'ordi.
14h55
Drôle de bruits...
VOMI du chien sur le carrelage du bureau.
Soulage-hurlage-nettoyage.
Virage des animaux dans la cuisine
15h05
Retour à l'ordinateur.
15h10
Silence. Louche.
Espionnage... chien SUR CANAPÉ !
Dégagement énergique.
Fusion genoux-coin de table.
Hurlage - insultage - malédictionnage
15h20
Retour à l'ordinateur.

Temps de travail effectué sur une heure... 15mn environ. Efficace, la journée de travail...




Aucun animal n'a été blessé durant le déroulé des incidents... On ne peut pas en dire autant du tapis, du panier, ou du genou...

lundi 7 septembre 2015

La malédiction du Pommeau...

Chouette ! Une histoire de chevaliers ! Rien de surprenant quand on sait que ce blog devient une usine à nouvelles en puissance, avec sa "Saga de l'Eté" !
Mais que nenni, cher ami !
Aujourd'hui, point de nouvelle grandiloquente ou épique, sur les aventures chevaleresques de quelques fougueux camarades. 
Le pommeau n'est pas celui d'une épée...
Mais celui de la douche de Lillie. Moins romantique, vous pouvez en convenir. Mais peut-être tout aussi épique sera l'histoire que vous allez lire.

jeudi 3 septembre 2015

"Forget your troubles c'mon get happy"...

Quand le désir de dessiner est plus fort que le talent nécessaire, les journées de travail ne sont pas évidentes. Avant même de poser la pointe du crayon sur la feuille, Lillie réfléchit, se questionne. Doute. Sans arrêt.
Quelles lignes ? Pour quel style ?
De l'illustration presse ? De l'abstrait ? Du cartoon ? Du réaliste?
Quoi dessiner ? Pourquoi ? Avec quel fond ?
Et pendant ce temps le crayon erre sur la page, perdu entre toutes les directions que Lillie pointe sans se décider.
Il faudrait qu'elle puisse s'enfermer pendant des jours entiers, seule face à elle-même. Pas d'internet, pas de Facebook (où traînent aujourd'hui qui tue son inspiration, son imagination, mais surtout son MORAL !). Seulement elle, sa créativité et ses dilemmes.
Comment dessiner, et quoi, quand on a toujours appris seul ?
Elle gomme, elle cherche, elle creuse. Puis revient aux bases. S'en détache, parce que c'est trop difficile, et qu'elle ne sait pas. Elle sait, mais sans savoir. Il faudrait que ça soit fluide, et ça ne l'est pas.

Alors quand par hasard, un petit bonhomme jaillit sur la page du Moleskine, souriant, jovial, il arrive alors à Lillie une chose incroyable : ressentir une bribe de satisfaction dans un brouillard de contrariétés, de frustration et de découragements.
Ce petit bonhomme, il lui insuffle soudain un nouvel élan de motivation. Un plaisir accru pour les crayons et les feutres qui s'entassent sur le bureau...

Aujourd'hui, le petit bonhomme est une madame. Une PinUp. Pour changer...




Et vous, vous travaillez comment ?

mardi 1 septembre 2015

Episode 7 : doutes...



7

Le mercredi matin, Olivia a clôturé tous ses dossiers. Depuis qu'elle est réveillée, la jeune femme est calée au fond de son fauteuil de lecture, près de la bibliothèque qui habille tout un pan de mur de son bureau. Dehors, il pleut à seaux. Paisiblement, elle observe les éclairs zébrer les épaisses couches de lourd coton noir, avec un plaisir sombre à chaque coup de tonnerre qui roule au-dessus de sa tête.
A ses pieds, ou plutôt sur ses pieds, Flaubert dort du sommeil du juste. Une heure plus tôt, Olivia a voulu le sortir. Mais après s'être faite tracter sur plusieurs mètres par un chien décidé à rentrer, elle a fini par déclarer forfait. L'animal a expédié ses besoins juste devant l'immeuble, au grand ravissement de sa nounou, avant de se précipiter dans le hall d'entrée. Drapé dans sa dignité outragée par la pluie menaçant la blancheur de son pelage, il l'a regardé ramasser en râlant.

jeudi 20 août 2015

Episode 6 : étrange sensation...



6

Deux jours pus tard, Olivia est assise sur le bord de son canapé, le regard dans le vague. Machinalement, elle fredonne le générique du dessin animé "Iron Man", qui passe à la télé. Ce qui, songe-t-elle, n'est pas à faire devant d'autres adultes. A trente deux ans, quand on a pas d'enfants, on ne connaît pas les génériques de dessins animés. Elle hausse un sourcil ironique - ben voyons ! D'un geste mécanique, elle touille son thé, dans lequel le sachet infuse depuis trop longtemps. En portant la tasse à ses lèvres, elle pousse un cri de surprise.
- Ah ! merde !
Flaubert, étalé de toute sa masse blanche sur le carrelage de la même nuance, relève la tête.
- Ben quoi, s'exclame-t-elle, une main devant sa bouche. Tu ne t'es jamais brûlé la langue ?
Le chien la fixe, stoïque.
- Non, bien sûr ! Toi, tu manges des croquettes.
La tasse bascule et se renverse à demi sur la table basse quand elle la pose avec brusquerie. Elle retire son pied juste à temps pour éviter une seconde brûlure.
- Merde, merde et merde ! C'est pas possible d'être truffe comme ça !
De mauvaise humeur depuis qu'elle a émergé d'un énième sommeil agité, la jeune femme bondit de son fauteuil pour chercher une éponge dans la cuisine. Dans la foulée, elle vide le reste de thé dans l'évier, en guise de représailles contre le liquide trop chaud. Sa vengeance assouvie, elle reste un instant les deux mains appuyées sur le rebord en inox, les yeux tournés vers l'extérieur.

mercredi 12 août 2015

Pause peinture

Il semblerait qu'écrire un épisode d'une nouvelle, une fois par semaine, ne soit pas toujours facile. Il arrive que parfois, l'inspiration pêche par son absence. Dans ces cas-là, Lillie a beau se secouer le prunier, quand ça veut pas, ça veut pas.
Mais "La traversée inattendue" n'étant pas une passade, mais bel et bien un projet qu'elle affectionne, quand l'écriture brille par sa page blanche, Lillie sort les pinceaux.
C'est ainsi que d'une toile noire jaillit peu à peu un personnage de l'histoire, que vous découvrirez en suivant les aventures d'Olivia...

Etape 1

lundi 27 juillet 2015

Episode 5 : premier contact (2)...


5

Bouche bée, Olivia regarde autour d'elle. Lentement, son cœur reprend un battement, s'il n'est pas normal, au moins régulier. De son chignon ébouriffé s'échappent de longues mèches de cheveux bruns. Ses joues sont en feu, mais il ne fait plus si chaud. Plus autant que depuis ce début de mois caniculaire. Ici, la température est celle d'un printemps clément. Si la végétation du parc accueille eucalyptus, chênes, et autres bouleaux, le paysage qui s'offre maintenant à Olivia n'est plus tout à fait le même.
D'immenses cyprès aux larges troncs tortueux s'étalent en lignes droites, des saules pleureurs gigantesques caressent le sol herbeux d'une clairière tachetée de soleil. Des boutons d'or au jaune généreux ponctuent les racines, au-dessus d'une nappe de pelouse haute et bien grasse. 
Des papillons volètent dans les rayons de lumière. Leurs couleurs changent tandis qu'ils se posent d'une fleur à l'autre. Les cimes sont si hautes, loin au-dessus de la tête de la jeune femme, qu'on devine à peine le ciel dissimulé derrière l'épais feuillage.

samedi 25 juillet 2015

Interlude peinture...

L'été, dans le Sud, est une combinaison parfaite de chant de cigales, de chaleur intense et d'odeurs de pin et d'embruns.
En être spectateur, même au travail, c'est être déjà un peu en vacances. Et alors quand vous êtes enfin en congés, alors là, c'est le summum du pied intégral...
Ca, Lillie l'a bien compris. Alors peu importe la manière, la raison, ou l'occasion, dès que la cigale pointe le bout de son museau (bec, nez, groin, antenne, ce que vous voulez...), elle rapplique fissa fissa. Quelques jours, un week-end, plusieurs semaines, le temps de toute façon n'est plus le même avec la ligne d'horizon d'une mer bleue et paisible (paisible à condition de n'y pas trouver de touristes - faut connaître les bons coins, ce qui évidemment est le cas de Lillie, tu te doutes bien !).

Pour s'occuper, éloigner l'ennui qui pourrait éventuellement finir par s'installer, entre deux siestes au bord de la piscine, Lillie ramène toujours avec elle sa hôte à projets. Un énorme sac de noeuds, rempli d'idées farfelues, de croquis préparatoires, de notes de bas de page, de ToDoList périmées... Ce fameux sac dont Lillie sort du boulot tous les jours, qui peut lui générer un salaire, mais que les copains regardent souvent avec l'indulgence d'un parent condescendant... "Mais oui, ma fille, cause toujours et va te trouver un vrai travail !"

Bref, l'été dans le Sud, Lillie est en vacances mais jamais tout à fait. Et c'est exactement ce qu'elle aime. Alors ce week-end là, confortablement installée dans son bureau estival -une table en verre à l'ombre de la terrasse- elle décroche un des tableaux offerts à ses parents, peint un jour d'égarement, il y a quelques années.
Un ensemble de fraises sur fond rose, une petite lutine accoudée à l'une d'elles. Une idée trèèèès originale, aux couleurs tout ce qu'il y a de plus kitch. Il fallait bien faire quelque chose, pour cette œuvre qui brûlait la rétine.

mercredi 22 juillet 2015

Episode 4 : premier contact...

4

"- Ah ! Le con ! s'exclame Olivia, en faisant demi-tour.
Fébrile, elle attrape ses baskets, jette les chaussettes roulées en boule dedans, et les enfile en toute hâte. Courir sur les galets pieds nus n'a jamais été une bonne idée. Sans prendre la peine d'attacher ses lacets, elle repart en trombe. Ludovic est debout, une bouteille d'eau à la main, décontracté.
- Dépêche, je ne le vois plus, signale-t-il, avant de boire au goulot.
Elsa est toujours installée sur sa serviette. Elle observe la scène d'un air amusé. Olivia maugrée dans sa barbe un "Merci du conseil" irrité, et grimpe la pente aussi vite qu'elle peut, glissant sur les pierres sans grâce.
Franchissant la rangée d'arbustes emmêlés, elle débouche dans la clairière ombragée sous un épais toit d'arbres. Il y fait à peine moins chaud que sur la rive, et le sol est vallonné. Dans les creux, on aperçoit de hautes fougères défraîchies. Partout, les herbes hautes, les fourrés touffus grignotent les sentiers. Et pas un seul chien blanc en vue.
- Flaubert ! Au pied !
Elle tend l'oreille. Quelques oiseaux encore vaillants malgré la chaleur chantonnent. On distingue le bruit des feuilles sous la brise. Et non loin de là dans l'épais maquis, les pas d'un animal. Un fugace instant, la jeune femme distingue un éclat blanc. Pour ne pas le faire fuir, elle s'avance discrètement, sans courir. Flaubert est en train de renifler des racines, grattant çà et là la terre. Il ne semble pas conscient de sa présence. Il s'est enfoncé en dehors du sentier, entouré de près par les éricacées et des arbousiers sauvages. Pour le rejoindre, Olivia enjambe des tas de broussailles épineux, et récolte quelques griffures au passage. Comme elle gronde, agacée, dégoulinante de sueur dans la chaleur moite, Flaubert lève la tête vers elle.
- Hé, sac à puces, souffle-t-elle d'une voix qu'elle veut enjôleuse, ce serait sympa que tu ramènes ta fraise par ici !
Ses doigts effleurent le harnais bleu quand elle tend la main à travers des lianes de salsepareille. D'un mouvement fluide, le museau de nouveau collé au sol, le chien se détourne. Pour le rattraper, Olivia s'élance en avant.

mercredi 15 juillet 2015

Episode 3 : la sortie au lac...



3

La douche est salvatrice. L'eau fraîche laisse dégouliner contrariétés et rancœur, les emporte par la bonde de fond. Olivia, trempée, garde la tête appuyée contre le mur blanc, sous le pommeau de douche. Puis elle ferme le robinet, les yeux fermés, attend quelques secondes avant d'écarter le rideau de douche.
Elle enjambe le rebord de la baignoire en émail blanc pour poser le pied sur le tapis. Un tapis épais, chaud, au poil long et dense.
- Ah ! crie-t-elle en reculant, manquant de glisser.
Flaubert est confortablement assis au pied de la baignoire et la regarde d'un air malicieux.
- Mais qu'est-ce que tu fous là, toi ? s'exclame la jeune femme en saisissant sa serviette.
Elle sort de sa baignoire, évite tant bien que mal le gros chien qui prend presque toute la place. Il ne bouge pas un cil et tandis qu'il la fixe, la gueule ouverte, la langue dehors, Olivia est persuadée qu'il se moque d'elle.
- Profite ! Rince-toi l’œil, parce que c'est la dernière fois !
Elle réalise que la porte de la salle de bains est grande ouverte. Se penchant vers lui, elle caresse vigoureusement Flaubert derrière l'oreille.
- Et en plus, tu sais ouvrir les portes... tu es un malin, toi !

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samedi 11 juillet 2015

Episode 2 - La Traversée Inattendue...


2

Le thermostat flirte avec les 29° dès le samedi matin. Olivia s'est réveillée en nage et de mauvais poil. Les dernières nuits, moites, l'ont promenée d'aventures en aventures imaginaires, et l'aube la cueille désorientée, perdue entre réalité et effluves d'un autre monde.
Pour un peu, elle rejouerait "le Bateau Ivre" de Queneau.

Elle baille et se traîne à la cuisine. Un café, voilà qui lui ferait le plus grand bien. Tripotant les dosettes de sa Tassimo, elle enclenche la machine. Réalise qu'elle a oublié de mettre la tasse sous le bec verseur. Se précipite vers le placard, fait demi-tour pour appuyer sur le bouton STOP, tandis que le café coule et se répand sur le carrelage blanc.
"- Ah mais, merde là ! s'écrie-t-elle, tout à coup bien réveillée.
En panique, elle laisse échapper la tasse, la rattrape maladroitement, et reste agrippée au comptoir, l'objet coincé entre ses mains. Un court instant, Olivia, immobile, regarde le chantier : une belle flaque à ses pieds, fumante, et de larges éclaboussures tout autour de la Tassimo.

jeudi 9 juillet 2015

Episode 1



1

 

Le mois de juin s'achève dans une ambiance caniculaire. Peu à peu, les citadins quittent les grandes agglomérations, par vagues, vers leur Arche de Noé côtière, en Bretagne, dans le Sud, la Rochelle, peu importe, du moment qu'il y a de l'eau et des boutiques de souvenirs.
Olivia, assise à son bureau, grimace en songeant à ces bungalows bien alignés dans les campings, tous les mêmes, où s'entassent pour quinze jours, trois semaines, les mêmes types qui se croisent parfois tout le reste de l'année dans les grandes villes. Faire la queue à la Poste, aux cabines d'essayage, pour acheter une baguette, et pendant l'été, faire la queue aux sanitaires du camping... drôles de vacances. Mais peut-être est-ce son besoin de solitude totale qui la rend cynique. Olivia est ce qu'on pourrait appeler une ermite urbaine. La jeune femme travaille de chez elle, surtout pour éviter les relations de bureau. Parfois, aucun son ne passe la barrière de ses lèvres closes, si ce n'est pour répondre à ses clients par téléphone - l'une des pires inventions selon elle.

Pour la troisième fois depuis cinq minutes, elle soupire et s'éponge le front du revers de la main. Il fait très chaud, et la ville, dans une cuvette, semble prisonnière sous une cloche de vapeurs brûlantes. 
Un coup d'oeil au thermostat : il fait 32° rien que dans la pièce.

Une pause s'impose.

mercredi 1 juillet 2015

Chat noir chanceux...

Il fait beau cette semaine-là. Jon Snow dans ses (rares) moments d'optimisme aurait même dit un truc du genre "Spring is coming"...
Forcément, comme à chaque fois que les fleurs s'ouvrent et que les mimosas font sentir leur arôme si particulier, Lillie a chargé sa valise et débarqué dans son Sud natal.

Pour l'occasion, elle est partie avec toute la clique : le chien ET le chat, en train. Pour la petite histoire, il faut savoir que la gentille SNCF fait payer la place aux chiens de plus de 6kilos. Le prix ? Facile : celui d"un billet plein pot, à moitié prix. Pour ce voyage, Lillie a payé 52 euros sa place. Le petit Jeddak, lui, a coûté 35euros ! Tout ça sans avoir le droit, malgré le billet, de se coucher sur le fauteuil. Merci qui ? Merci la SNCF ! (rassurez-vous, l'aventure de Lillie, Gustave et Jeddak en train vous sera comptée tout bientôt !)
Quant à Gustave, le gros et gras chat blanc, il remplit bien sa cage de transport, et sagement, pionce pendant le voyage. Il ronfle même, sûrement satisfait de savoir que quand sa maîtresse devra porter sa cage, elle sera à deux doigts de se fêler une vertèbre sous le poids. Satisfait aussi de partir en vacances, lui qui, normalement, aurait dû rester à la maison.

Bref, le mardi, après 3h de trajet, Lillie et sa bande débarquent à la zonzon. Le mistral la cueille avec un vice non dissimulé : bourrasque après bourrasque, il la décoiffe, la pousse, entrave la valise qui roule mal, agite la cage du chat. Et soulève les oreilles du beagle qui n'apprécie guère la farce et remue dans tous les sens, mâchoires ouvertes. Mordre le vent, tout le monde le sait, c'est comme ça qu'on le fait disparaître...
Le Mistral, ça l'énerve vite, la Lillie. Ca fait du bruit, les affaires s'envolent, ça décoiffe. Mais au moins, il a une utilité non négligeable : il chasse les nuages. Et ce jour-là, il n'y en a pas un seul, faisant du ciel une magnifique toile d'un bleu azur profond et sans défauts.
Elle soupire d'aise en s'installant dans la voiture de la mère. La semaine va être parfaite, elle a hâte de profiter des bois, de l'odeur des plantes sauvages, des embruns dans les calanques. De voir les copines.
Le jeudi midi d'ailleurs, après deux jours à marcher avec son Beagle de combat (comme tout chien de chasse qui se respecte, il a une bouille d'amour et aboie continuellement...), Lillie rejoint sa copinette au resto. Quoi de mieux qu'un bon dej' entre copines pour ponctuer des vacances parfaites ?
Le bistrot est agréable, les desserts aussi jolis que bons. Les conversations vont bon train.

mardi 5 mai 2015

Frotter, lustrer, poncer...

Une fois n'est pas coutume, le mercredi gribouilli sera un mardi trifouilli... Oui, bah, allez trouver un autre mot, vous, pour le sujet du jour.
Sujet qui tourne autour du recyclage. La récup', si vous préférez.
Il y a longtemps, les parents de Lillie possédèrent une table basse. Jusque-là, wouah le scoop ! Comme tout le monde, en fait. Oui. Bref.
Cette table basse, somme toute banale, doit encore garder sur ses quatre coins un peu d'ADN de Lillie, qui avait la fâcheuse manie de laisser traîner ses genoux trop près des bords.
L'objet, de bois vêtu, atterrit un jour au grenier, supplanté par une bien plus belle table, plus moderne, plus design. Plus chère, quoi.

Mais la semaine dernière, Lillie a décidé d'exhumer cette vieille table, recouverte de poussière. Ponçage, décapage, ponçage, énervage et repeinturage. Une semaine plus tard, la table a une nouvelle gueule. 
Bon, Lillie ne sera pas élue ébéniste ou ValérieDamidot de l'année, mais pour son intérieur, c'est déjà pas mal. Voilà !




Du ponçage, du ponçage, du ponçage ! Une couche de gris grossière, avant de passer à la peinture rouge. 


La peinture "rouge basque", elle repassera. Sur la table, ça donnait un vieux framboise dégueu. Retour à Casto, à la recherche de la couleur parfaite, un marron foncé, rouge sombre. Et voilà que Lillie rentre dans son atelier avec un joli "lie de vin". 
Gros foutage de gueule, on finit encore avec un framboise tout moisi. Mais où est la terre de sienne, ou mieux, le ROUGE BISTROT ? C'est quand même pas compliqué bordel ?

Après trois jours de reponçage, et re peinturage, Lillie n'est toujours pas satisfaite, et elle en a marre. Fourrageant dans ses boîtes, elle retrouve son brou de noix. Dilué dans un peu d'eau, le produit vient badigeonner le plateau de la table pour réchauffer un peu la couleur, voire même la foncer. Et tant qu'on y est, ajoutons quelques giclures, pour faire genre, et des fausses veines dans le bois. Une fois le tout séché, Lillie s'applique à jouer sur les typos, pour donner un style vraiment industriel. A noter qu' "atelier 84" aurait dû s'appeler "atelier 83", mais quand on regarde "Les Experts" en replay, faut s'attendre à faire des conneries...
La peintouuure est sèche, nickel. Lillie passe au ponçage. Oui, AGAIN ! Mais là, c'est pour faire ressortir le bois sous la peinture pour donner un effet "vieux meuble". Une fois satisfaite (ça peut lui arriver, des fois), elle passe plusieurs couches de vernis Bistrot (ne jamais rien laisser au hasard...), laisse sécher, loin du chat Gustave, dont l'envie irrépressible de se coucher sur la table vernie a tendance à abandonner des poils blancs dégueus. 




Et voilà le travail ! Demain, Lillie vous montrera comment construire une armoire en palettes... ah ah ! Bonne blaaaaague !!

Et vous, vous retapez des meubles ?



mercredi 22 avril 2015

Le printemps est là !...

Oui, madame ! Le printemps est là ! Du lundi au vendredi, très précisément. Et quand vient le week-end, il bruine ! Ben voui, on va pas laisser les travailleurs profiter du soleil le samedi non ? Au boulot les feignasses, non mais !

Pour ce mercredi-gribouilli, pas de vidéo. Par contre, une illustration inspirée de l'air du temps. Fleurs, lumière, chemise légère, réalisée sur le balcon bourgeonnant, le dos chauffé par les rayons du soleil. Huummm... c'est trop bon !

Bref, voilà le nouveau dessin de Lillie, printanier, et, notons-le, publié le bon jour ! Si tu aimes, tu commentes, tu likes, tu partages, tu souris devant ton ordi, comme tu veux !













lundi 20 avril 2015

C'est qui qu'a pété ?!...

Fin 2014, Lillie a déclaré, de sa douce voix : "L'Homme, j'veux un chien !"
Ce que femme veut, femme obtient... au prix d'une longue négociation avec compromis, trocs, échanges de bons procédés, désarchivage de vieux dossiers et chantages.
Et en novembre, une boule de poils à longues oreilles débarquait à la casa des Lutins, pissant un peu partout et plus encore. Mais c'est tellement mignon ces machins là qu'on pardonne vite...

Les vaccins faits, le sieur Jeddak (c'est ainsi que bouledepoil s'intitule) pouvait alors s'escaper en ville. Pendant un moment, il se contenta de galoper mignonement (c'est lui qui a créé le terme, si si !), dans un parc à chiens (sorte de champ de mines pour humains)., et de jouer avec des congénères, achement moins beaux (mais c'est comme les pets, on préfère toujours les siens).

Bref. Pendant un temps donc, les sorties se limitaient au parc, à cause qu'un bébé chien, ça fatigue vite quand ça marche.

Arrivé à ses cinq mois, Jeddak, embarqué par sa gentille maîtresse, prend le bus pour la première fois. A City, les bêtes sont interdites dans tous les transports en commun. Interdiction fort sympathiques pour tous ceux qui, n'ayant pas de voiture, peuvent se "brosser Martine" pour faire une balade en bus en compagnie de leur bête à poil. Mais Lillie étant une rebelle, et Jeddak un chiot facile à planquer, les voilà grimpant et s'installant au fond de l'autocar. Croyant l'affaire réglée, elle regarde nonchalamment par la fenêtre tandis que l'animal dort.
Sauf que, s'il dort, le chien n'en est pas moins très présent... il pète !

Le chiot lâche des caisses impériales qui, si elles commencent par s'insinuer dans les narines des voyageurs, finissent carrément par les envahir et s'y installer. S'en est presque à décoller les affichettes. Les gens montent, et au bout d'un moment, froncent le nez. Discrètement, chacun observe autour de lui, cherche la source de l'infâme puanteur. Lillie, elle, a planqué la boule puante dans son manteau, et retient difficilement un rire nerveux, comptant les arrêts avant de pouvoir se sauver en loucedé. Il en est même un qui se penche et soulève sa chaussure - sait-on jamais, c'est peut-être lui qui a marché dans la merde.
Le trajet dure une longue demi-heure, tout au long de laquelle Jeddak ne bouge pas une oreille. Il pionce sec, bien au chaud sur sa maîtresse, et laisse son sphincter se dilater joyeusement.

Au terminus, Lillie attend que les derniers fuient au-dehors, avant de les suivre et de poser au sol son animal.
Et de s'exclamer en le caressant avec amour :

"Comment un si petit trou du cul peut-il me sortir des pets de la mort comme ça, hein ?!"

Et de se fendre d'un poutou, en plus, parce que quand même, il est trop choupi cet enfoiré !


vendredi 17 avril 2015

Tire sur la languette...



En 2015, on l'entend assez souvent, le mensonge est de mise. Bon peut-être pas seulement en 2015, mais là, ça dépasse les bornes des limites.
Lillie, très concernée par l'actualité, comme beaucoup aujourd'hui, pousse régulièrement des gueulantes. Pas que sur les réseaux sociaux, d'ailleurs. Et elle gueule. Pour plein de choses. Le droit à l'avortement, le droit au mariage pour TOUS, de l'eau au parc à chiens (vaste sujet à aborder, mais pas là), le rouleau de PQ à jeter QUAND C'EST TOI QUI LE FINIS... ya pas de petites causes !

Et là, là, elle est en pétard, mais alors sec ! Elle est énervée la Lillie. Va y avoir une soufflante, une bonne remise à l'heure parce que y en a marre...

LES OUVERTURES FACILES. ne.sont.pas.FACILES !

Ouais, arrêtez de mentir ! On le lit tous sur le paquet de Prince, qu'y a qu'à tirer sur la languette pour l'avoir le gâteau. Ah ouais, le minot sur l'emballage du goûter, il a une tête de ravi de la crèche, en train de bouffer son biscuite, genre il a pas galéré pour l'avoir.
Mais en vrai, faut le dire : tu mets trois heuuuures à le choper le gatal ! Oui, madame ! Parce que la foutue languette, quand t'y tires dessus, ben elle te reste dans les doigts. Et t'es comme un con ! Et si t'as de la chance, t'es encore dans ta cuisine, alors avec le bout du couteau pointu, tu perces l'emballage et tu l'ouvres à la sauvage. Incident presque clos, du moins une fois que tu arrives à attraper le gâteau. Faut-il signaler que les deux premiers, ça passe, mais après, tes doigts sont trop gros pour passer entre le paquet et le biscuit, et qu'il faut alors renverser le paquet pour qu'il glisse ? Avec ses copines les miettes ? Et que t'en fous partout dans ta cuisine (que tu viens d'ASPIRER !).
Mais imagines le pauv' gosse qu'est dehors à jouer, avec la languette d'un côté et le paquet fermé de l'autre. Comment qu'il fait ? Comme les milliers d'enfants affamés à l'heure du goûter, il va éplucher le dessus du paquet. En millier de petits bouts de plastique éventrés, avant de sacrément le mériter, son Prince !
Et on en parle, du paquet de jambon où il suffit de "soulever ici" pour ouvrir ? Et du nombre de fois où le coin est COLLE ? Et que tu dois y aller au couteau pointu pour la bouffer, ta tranche de jambon ?
Oh ! Et les salades toutes prêtes ? Le coleslaw à manger sur un coin de table à la pause dèj ? L'ouverture facile l'est tellement que le coleslaw a fait une déco sympa sur le bureau de Lillie dernièrement. Tout ça parce que c'est pas vrai, l'ouverture est pas FACILE !

Messieurs, dames, Lillie ose le dire : on vous ment, on vous spolie ! L'ouverture facile est un complot, une manipulation.
Ne vous laissez pas berner par les slogans et les photos de gamins contents : vous allez lutter pour votre manger, et faudra décortiquer l'emballage !

La prochaine fois, on évoquera le complot des entreprises pharmaceutiques, ou comment tomber sur l'étiquette de posologie peu importe le sens d'ouverture de la boîte de médocs...

mercredi 1 avril 2015

Les ouvriers de New Yooooork...

"New Yooooork, concrete jungle where dreams are maaaade ooooof !..."

Ouais, ça chante faux, et aloooors ! Ca pourrait être un talent un jour. Bah oui, tiens ! On réunit bien deux couillons sur une île tout nus pour qu'ils se draguent avé l'accent. Tout est possible !

Bref, on s'égare...
Vous savez quel jour on est ? On est mercredi ! Et le mercredi, c'esssst ?

GRIBOUILLI !!!



mercredi 18 mars 2015

L'ennui en couleurs...

C'est à noter : Lillie est pile dans les temps pour son "Mercredi c'est gribouillis" !

Il faisait beau et chaud aujourd'hui à City, alors Lillie n'a eu aucun mal à se motiver et s'est installée sur le balcon pour faire son petit gribouillis. Un dessin au critérium et coloré aux crayons de couleur Faber Castell. Classique, direz-vous ! Mais ça fait du bien de se délier les doigts, au moins une fois par semaine. Soyons honnêtes, les six autres jours sont en ce moment un chouille complets. Quel est l'andouille qui a bloqué les journées à 24h, et les semaines à 7 jours ?!... oui... bon, bref !

Notez aussi l'apparition surprise d'une petite - grasse - boule de poils. Jeddak le Beagle a décidé de jouer les stars quelques secondes... Le petit malin.

Enjoy, et n'hésitez pas à donner votre avis, à partager, à échanger, tout ça !


mercredi 11 mars 2015

Ils sont PARTOUT !

Bon, encore une fois, c'est du recyclage. Mais c'est pour la bonne cause, parce que mercredi, c'est Gribouilli !

Ce dessin a été fait il y a quelques temps déjà, dans un métro parisien pour une fois relativement clairsemé.
Lillie somnole sur son fauteuil, prête à rater son arrêt si le trajet doit s'éterniser. Au moment où les paupières se font trop lourdes, les bras gourds, elle entre. L'attention de Lillie s'éveille tout à coup. A cause du bonnet ? Ou des boots pointues au bout ? A moins que ce ne soit sa taille, fluette ? Toujours est-il que la jeune femme se redresse sur son siège, soudain parfaitement alerte. Elle observe, détaille cette adolescente, qui, en plein milieu de l'allée du métro, se tient nonchalamment à la barre.
Quelque chose dans son allure déclenche chez Lillie une fascination étrange. Pourquoi ?
Qu'à cela ne tienne, il lui reste encore quelques arrêts, alors elle sort son crayon et son carnet, et croque la petite demoiselle. Et soudain, elle comprend ! La silhouette fluette, les oreilles fines, le bonnet, ses jambes, comme des gressins, et ces boots pointues... c'est un Lutin ! Et elle se balade, comme si de rien n'était, au nez et à la barbe de Lillie !

Gonflée non ?


lundi 23 février 2015

Yé fé lé ménache...

Oui. Encore. Faut bien, avec un chien qui perd ses poils, comme un sapin ses aiguilles fin janvier. Un massacre, et pas la peine d'y coller un sac à sapin, il le vit plutôt mal, le  iench !

Alors régulièrement, Lillie sort son ami "El aspirador", pour éliminer la racaille poilifère. "Indiana Jones et les poils maudits", mode [ON].

Bref.

De temps en temps, la flemme la frappe en pleine poire. Ca va bien de s'assourdir avec l'aspirateur, et pour secouer un tapis, pas la peine de sortir l'artillerie. Alors la Lillie ramasse les poils en masse sur la carpette verte Ikéa (oui, Lillie est une femme de goût...) et ouvre la fenêtre pour faire disparaître l'objet du délit.

Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Simple comme jeter une bête poignée de poussière par la fenêtre et passer à autre chose ?
Oui, mais simple n'est pas Lillie...

Elle s'est appliquée, à genoux, à dépoiler son tapis, à la mano, et la main pleine, ouvre le battant. Il n'y a pas un souffle d'air au dehors. Il fait même assez bon pour un mois de février. Soulagée, elle s'apprête à admirer les volutes noires se disperser loooooiiin de son carrelage blanc.
Oui, c'est une bonne idée en soi. Sauf que... (il y a toujours un "sauf que")

Ben les poils, y reviennent !
Bah oui, parce qu'une soudaine brise, légère, perverse, se réveille à cet instant, et se tortille, s'enroule autour des poils, les enveloppe et les propulse... DANS l'appartement.

"Merde !" s'exclame Lillie, essayant d'attraper le gros mouton, qui lui file entre les doigts. Déterminée, elle s'en saisit à nouveau et le rejette dehors, dans un angle de mur cette fois.

Mais la brise n'a pas dit son dernier mot, et à nouveau éjecte la masse noire plus haut.
Trois coups de suite, Lillie se bagarre et finit par répandre à l'extérieur une partie du mouton noir. Tandis que l'autre partie s'ébroue joyeusement sur la couette blanche (Ikéa aussi, eeeet oui !).

Lasse, la jeune femme abdique. Aux chiottes la flemme, c'est une mission pour "El Aspirador" !

Et vous l'avez-vous remarqué, ce petit vent frais, discret, sournois, qui se saisit de la moindre poussière évacuée par la fenêtre ? Comme un joueur de basket aérodynamique, il smashe dans l'interstice à peine ouvert et renvoie la balle à l'envoyeur.

Saloperie de courant d'air !


mercredi 18 février 2015

Quand j'étais petit, je n'étais pas grand...

Comme le mercredi, c'est gribouilli, chose promise, chose dûe !
Bon, ça sent un peu le réchauffé, et pour cause : ce dessin a été fait au soleil du Sud, en plein été. Et ouais, les doigts de pieds en éventail sur la terrasse, au bord de la piscine, à l'ombre, sous le chant des cigales... vous imaginez ?... Nan ? Tant pis pour vous !

Ce dessin est très largement inspiré d'une photo de classe de Lillie dans sa version mini. Une envie de retour en enfance, peut-être, ou juste une bouffée de nostalgie... que vient appuyer la très maquillée et hasbeen Avril Lavigne. Oui, on sait, c'est sooooo années 2000 !

N'hésitez pas à commenter, partager, aimer cette petite vidéo. La semaine prochaine, si vous êtes sage, vous aurez sûrement un original ;)





mercredi 11 février 2015

Snow Red...

Bon, à la base, il devait y avoir une chouette rubrique "Mercredi c'est Gribouillis !", et ça aurait été le fourre-tout à dessins réalisés rien que pour vous le mercredi.
Il se trouve que si l'idée de départ était bonne, l'Univers a dit "NOPE" ! Dooonc, ce sera un article tout simple, mais au moins, on est encore mercredi.

Bon, faut bien l'avouer, dès le début ça sentait le fumier c't'affaire. Des galères sur le blog pour une mise en page adéquate, des bugs de l'ordinateur, qui ne reconnaît évidemment pas le téléphone connecté. Du coup, des PLOOOMBES pour récupérer la vidéo filmée en Time Lapse d'un dessin en cours.
Venant à bout de tout ça, Lillie parvient même à ouvrir ladite vidéo sur Movie Maker, et à la mettre à l'endroit ! GLOIIIIRE !!... Oui, mais non.

Parce qu'il suffit d'y ajouter de la musique, d'appuyer sur Play pour vérifier que l'ensemble rend bien, pour que TADAAAAA... plus de son. Du tout. Nulle part. Le silence TOTAL.

Et vas-y qu'elle reboot le PC, seule solution pour une handicapée de Windows, de récupérer le son perdu quelque part dans les circuits.
Bref. Au bout de quelques minutes/heures de travail acharné (comprendre : crise de nerfs et débordement de vocabulaire fleuri), la vidéo ET la musique sont raccord. Presque. A peu près.

Hummmm...

Pour cette première vidéo WIP, lecteur, tu t'en contenteras. Parce que tu es gentil, patient, et doux comme l'agneau du matin.
Si-si !